Yallankoro Soloba
"Mais pourquoi avez-vous choisi de vous implanter dans la commune de Yallankoro Soloba ?" Cette question nous est souvent posée.
Lors de notre premier voyage au Mali, nous avons été en contact avec une association de Maliens originaires de ces villages. Et l’un des villages, Soloba , est le berceau de la famille de Monsieur Samba Diallo. Voir Présentation de l'association .
Yallankoro Soloba se situe dans le sud ouest du Mali.
Coordonnées :11°Nord / 8° 27’ Ouest
Cette commune est à 280 km au sud de Bamako dans le sud-ouest du Mali, dans le Cercle (le département) de Yanfollila, province de Sikasso.
Elle est frontalière avec la Guinée, séparée de ce pays par le fleuve Sankarani, qui alimente le lac de barrage de Sélingué.
La commune s’étend sur une superficie correspondant à un cercle de 10 km de rayon. Elle est composée de huit villages pour une population de 18 000 habitants dont 50% ont moins de 15 ans.
Le paysage est celui de la brousse, de la savane herbeuse dominée par des arbres parfois imposants. Des termitières mitent le sol . Les pistes qui relaient les villages entre eux sont extrèmement dégradées et impraticables selon les saisons .
Le village de Soloba est l’un des plus importants de la commune avec ses 2 500 habitants. C’est le chef-lieu administratif
Le village n’est pas un regroupement de maisons. L' urbanisation est très dispersée au milieu des champs. Un groupe familial s’appelle la « Grande Famille ». Elle peut comprendre 100 voire 150 personnes qui habitent dans un ensemble de cases que l’on nomme «quartier» ou «concession».
Les habitations traditionnelles sont des cases rondes surmontées de toits de chaume . A côté, les cases « greniers » sur pilotis, sont destinées à protéger les récoltes des rongeurs. Au centre, le puits traditionnel (l’eau est à 5/10m de profondeur). Cet ensemble est regroupé autour d’un arbre majestueux: le manguier. A la périphérie sont creusées les latrines, vecteurs forts de pollution. Elles rendent les eaux des puits impropres à la consommation.
Les nouvelles constructions adoptent des plans de type occidentaux et sont recouvertes de toit de tôles .
Une concession
Cases traditionnelles et habitations récentes
Une famille compte souvent beaucoup d'enfants . Les femmes et les fillettes portent les bébés sur leur dos . Les petits jouent avec n’importe quoi, il n’y a pas de jouet. Le calme est rythmé par le pilon qui écrase le mil. Les plus âgés sont couchés par terre, sur une natte, sous le manguier.
Pour avoir de l’eau potable, il faut aller au forage, souvent éloigné. Il y a un forage pour environ 600 habitants. L’eau est pompée à une profondeur importante (60/80 m). Les pompes à main ou à pied ont plus de 20 ans. Elles sont en très mauvais état. Ce sont les enfants et particulièrement les filles qui sont chargées des corvées de bois et d'eau .
Les habitants sont très majoritairement des agriculteurs/éleveurs de l’ethnie Peule. Ils cultivent le maïs, le riz, le sorgho, le coton, suivant les coutumes et la proximité du fleuve. Les labours et les semailles ont lieu dès le début des pluies, fin mai, et les récoltes, à la fin de l’hivernage, de mi-octobre jusqu’à mi-décembre. Après les récoltes il n’y a plus grand-chose à faire dans les champs.
Pour augmenter leurs ressources, les femmes font du maraichage, après la fin des récoltes lorsque les champs sont à nouveau libres. Les hommes font du petit commerce ou pratiquent l’orpaillage . Ils entretiennent aussi des champs d’orangers , la culture de l'anacardier se développe . Mais les rendements sont très faibles.
5 - Une organisation sociale hierarchisée
Une concession est sous la responsabilité du « chef de famille », et des anciens. Ce groupe social, qui peut être composé de plusieurs dizaines d’individus, se ramifie en sous-groupes plus restreints, une vingtaine de personnes. Cependant ils sont sous la dépendance des anciens et du chef de famille. Rien ne peut se faire sans leur accord.
La forte solidarité interne qui caractérise le fonctionnement de ces groupes sociaux a pour conséquence la soumission de chacun aux traditions et peut donc être un frein aux transformations, évolutions souvent souhaitées par les plus jeunes.
Chaque village a un chef « coutumier », choisi parmi les chefs de familles pour sa sagesse. Il est très respecté. Cette structure traditionnelle a une place importante pour réguler la vie collective et apporter des solutions aux problèmes rencontrés par la population, dans des domaines très divers : conflit de voisinage, justice, entraide, relation avec les autres villages, avec la commune…Les chefs de village sont nos interlocuteurs privilégiés, au plus près des attentes des villageois.
Depuis 2004, l’Etat Malien a mis en place une structure administrative qui regroupe un ensemble de villages c'est la commune. La commune est administrée par un Conseil Communal, élu démocratiquement, avec à sa tête un maire. Son fonctionnement est calqué sur le fonctionnement des communes françaises .
Le Conseil communal de Yallankoro Soloba élu en 2017, compte 17 membres, dont 4 femmes. Le maire et les 3 adjoints constituent le bureau communal. Le niveau d’instruction des élus communaux est disparate (35% d’illettrés). L’une des femmes est lettrée. Le bâtiment de la mairie se trouve à Soloba. La commune est à l’image des populations, très pauvre. Ses marges de manœuvres sont réduites aux subventions de l’Etat, lui aussi très pauvre…
La commune est pour nous un partenaire central de l’élaboration, après de nombreuses discussions , à la mise en œuvre d’un projet. A noter aussi l'existence de très nombreux comités de gestion , plus ou moins indépendants de l'administration .
En 2018, la commune de Yallankoro Soloba et la commune d'Uchaux ont signé une convention de coopération décentralisée
La langue parlée est une très ancienne langue peule , le bambara, appelé aussi bamanankan. Le français est la langue officielle, enseignée à l’école.
Les enfants ne parlent que le bambara dans leur milieu familial. Ils apprennent donc à lire dans une langue qui leur est totalement étrangère. Une expérience d'apprentissage de la lecture en bambara est actuellement conduite .
La scolarisation est obligatoire. Il y a une 9 écoles primaires dans la commune ( 1 dans chaque village , sauf à Soloba qui en compte 2 ) et 3 collèges ( Soloba, Fougatié et Bandiougoufara ). Les bâtiments sont parfois très délabrés et les enseignants peu formés. Le nombre d’enfants par classe peut être très important (parfois 100 élèves) Le matériel pédagogique inexistant. Ce sont des conditions particulièrement difficiles pour enseigner.
Les filles sont souvent utiles à la maison, pour aller chercher l’eau, garder les plus petits… Elles sont peu nombreuses à l’école.
L’accès aux soins est certainement un des problèmes les plus urgents pour ces populations en situation de très grande pauvreté. Le taux de mortalité infantile est l'un des plus élévé du monde .
La médecine traditionnelle est une médecine de proximité mais elle a ses limites en matière de soin. Les déplacements sont problématiques. Les pistes sont impraticables durant la saison des pluies et défoncées en saison sèche. Il est donc indispensable de rapprocher les centres de soin des usagers.
Comme pour les écoles, l’Etat Malien tente de répondre à ce besoin vital. Mais la pauvreté généralisée limite la construction de structures et la nomination de personnel.
Sur la commune il y a cependant une unité de référence, un CESCOM (Centre de Santé Communautaire) responsable en ce domaine des 8 villages. Une petite unité de soin se trouve parfois dans un village. Ces structures manquent de moyens et d’encadrement. La forte natalité met en évidence la nécessité d’améliorer les conditions de soins pour les femmes enceintes et les nouveaux nés.
Yallankoro Soloba
Un monde de contrastes
Image de la vie quotidienne
Le bureau du régisseur des dépenses
Commentaires
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- 1. Idrissa DOUMBIA Superviseur de L'AES/SOLOBA Le 18/04/2016
Bonjour EMYS,
c'est avec un grand plaisir que je rejoint votre site et je suis très persuadé que tout vos projet sont plus que important pour commune comme yallankoro- soloba je ne peut que vous souhaitez du succès pour la réussite des ces projet humanitaire
Très Amicalement/Idrissa Doumbia Superviseur de AES/SOLOBA au compte de l'EMYS -
- 2. Jorge Dias Le 09/05/2015
Ce texte on ne le lit pas, on le dévore ...
Bravo à son auteur !
Vite, il faut la compléter et encore mieux l'agrémenter d'images, d'exemples.
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