Entraide Mali Yallankoro Soloba

Chroniques d'un instant à Soloba

Nicolas Rappez - novembre 2015

Arrivée à Soloba

 

Le soir tombe doucement, le Maire en mobylette précède le 4x4 qui franchit le dernier gué pour arriver à Soloba.
Fatigué par la journée de voyage et les cahots des 40 derniers kilomètres, j’aspire au calme et au repos ; Annie déclare : « il est tard, les villageois ne nous attendent sûrement pas.
Chronique soloba 01
« Babous, babous, babous ! », les blancs sont là, chantent une kyrielle d’enfants formant une haie d’honneur, agitant les mains devant leur sourire éclatant.
Je descend de voiture et je suis entouré, porté par une foule joyeuse et enthousiaste.
Je serre des mains, je fais des accolades ; les villageois se tiennent le coude en me donnant la main : signe de respect et de bienvenue.
Mes yeux se brouillent ; suivi par 3 musiciens, une jeune fille fait une révérence en m’offrant un plateau de bananes, une femme ondule en dansant avec des oranges en offrande.
Je ne sais plus où je suis ; Annie, Daniel et Bernard ont disparu dans l’affluence.
Oumar, notre garde vient me prendre par la main, et fend le flot jusqu’à notre logement ; nous sommes installés sur des chaises, face au peuple de Soloba, tels d’improbables héros.
Le rassemblement se dissipe peu à peu, me laissant étourdi et ému par cet accueil inattendu.
Pour une première, c’est une première ! La suite ne va pas me décevoir …
Chronique soloba 02

Un matin ordinaire

Un coq chante au loin. Un braiement lui répond. Le jour se glisse peu à peu dans la chambre.
J’émerge doucement du monde du sommeil.
J’entends Daniel chauffer l’eau. Je dézippe la moustiquaire et abandonne sans regret le lit picot pour ce moment béni de la matinée, le p’tit déj.

Calme, café, projet et pain grillé forment le tremplin vers une journée partie du bon pied.

Ablutions rapides, un garde fait ses prières, « A ni sogoma » nous lance un autre ; je réponds de même, je sais que cela veut dire bonjour, mais je me fais taper sur la langue : il faut répondre Nba, ou mieux Nba ni sogoma. La vie n’est pas toujours facile.

Les employés de la mairie se pointent. Nba, nba. Les affaires reprennent.

 

 

Chronique soloba 04

 

 

 

Chronique soloba 03

 

Les maraîchères de Donsosso

Le 4x4 tangue et roule, je ballotte sur le siège arrière comme un culbuto.

« Stop Daniel ! » : Annie voit des maraîchères dans un jardin en lisière de la piste ; nous partons en exploration suivi de Oumar, mitraillette en bandoulière.

Cela n’effraie absolument pas ces femmes qui nous accueillent en chantant et en dansant dans leurs pagnes bariolés de couleurs vives : quelles belles jardinières !

Elles se font une joie de nous montrer leurs carrés de légumes : oignons, aubergines, patates douces, tomates ... Un puits trône au milieu pour assurer l’irrigation … avec un seau et une manière habile de le lancer au fond pour le remplir rapidement !

Ces courageuses nous apportent un panier de légumes pour repartir ; Annie reste avec son billet à la main. Omar nous traduit : « Votre venue vaut bien plus pour nous que ces quelques légumes ».

Ben mon colon, quelle leçon !

Sur le terrain

  • Garmin ? … Chargé.
  • Olympus ? … En bandoulière.
  • Carnet, porte-mine ? … En poche.
  • Jalons ? … Prêts.
  • Chapeau ? … Euh … Je vais le chercher !

Sinon, je suis prêt. J’attends le signal du départ.

Daniel a rameuté quelques villageois. Nous partons piqueter les emplacement des fontaines.

 A la queue leu leu sur des pistes étroites, nous serpentons dans les méandres des concessions, tels des iroquois sur le sentier de l'eau.

Le GPS intrigue nos guides :  un si petit appareil qui donne la distance entre 2 fontaines, ils en restent pantois. J’expliquerais bien la triangulation par satellites géostationnaires, mais j'aime bien jouer le rôle du petit sorcier !

Au fur et à mesure de notre avancée, Mamadou précise les familles proches des emplacements repérés, Yakouba prend des notes personnelles, Akim pioche et plante les jalons.

Daniel nous regarde,  content de voir nos amis s’approprier le projet.

10 fontaines et 3 heures après, Daniel se fait prendre en stop par un vélo motoriste because un genou fatigué. Je rentre tranquillement avec Yakouba qui m’explique les arrangements de mariage malien façon Capulet-Montaigu.

Ce soir, je met les résultats au propre et demain, nous recommencerons pour vérifier la cohérence du réseau et corriger les erreurs et approximations.

 

Chronique soloba 06

 

 

 

 

 

Chronique soloba 05

 

 

 

Un repas ordinaire

J’entends le tintement des glaçons dans les verres : Daniel a une horloge dans le ventre.
Il est midi, l’heure d’un pastis bien tassé ; sans doute pour décourager les bactéries.

Annie s’affaire devant la cuisine équipée ; menu : poulet au riz. Demain sans doute riz au poulet !
C’est pas du label rouge, pourtant il court (sans doute trop) en plein air.

C’est fou ce qu’Annie parvient à préparer avec si peu. Je me régale à chaque repas. A défaut de vin, une bouteille de bière locale nous accompagne ; sa contenance de 50 cl est sa plus grande qualité. Au dessert fruits, yaourt ou spéculoos (d’importation … belge).

Grand changement le soir : le whisky remplace le pastis. A part ça, la routine rassurante s’installe.

Avec un peu de chance, dimanche nous nous régalerons avec une pintade ou un perdreau ; c’est encore plus petit, mais tout autant coriace

Visite à Bandiougoufara

Sur la piste, j'évite les trous autant que possible ; Daniel m'a confié ce volant qu'il aime tant ( fatigue, inconscience ou confiance aveugle ?).

Le pneu arrière gauche du 4x4 se dégonfle lentement mais sûrement ; arrêt à Bougoudalé et tout le monde sous le pont : Daniel, Alfousseni notre gendarme du jour, et un garagiste de fortune se couchent pour placer le cric. Annie et le Maire s'asseyent à l'ombre ; je regarde de loin ; moi et la mécanique !

Le pneu crevé est remplacé par la roue de secours ; vu son état, elle porte mal son nom !

Cahin-caha, nous voilà arrivés chez le chef du village entouré de ses proches : salamalecs, discours, photos ... Nous sommes invités à « partager » leur repas dans la case ; je vous explique la cène :

  • nous sommes les seuls à manger avec le fils du chef
  • il fait très sombre ; je devine du riz et du poulet (facile !)
  • délicate attention : les européens ont reçu une fourchette
  • après avoir hésité, je fais comme Alfousseni : les os et les déchets par terre !

Et bien croyez le : j’apprécie vraiment ce repas

 

Chronique soloba 08

 

 

 

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Nous voilà reparti faire le tour du village : anciens, chefs de famille, maternité, sage-femme, écoles, instituteurs ; un mot, un geste pour chacun tel un président au salon de l’agriculture …

Nous « recheminons la brousse » après s’être souhaité un bon demi-voyage (usage local pour espérer un retour).

 Daniel reprend le volant : il va mieux !

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